Chroniques


La suite des Chroniques sur le blog 9Skyline...

WIC 2012

Du Rêve européen à la nouvelle donne mondiale: what's on ?
Juillet 2012

10 ans, plus de 350 participants, 30 pays représentés et un thème "Renewing growth" sur fond de "European Dream" à réinventer...
L'édition 2012 de la World Investment Conference qui se tient tous les ans à La Baule plaçait haut la barre des intentions et des ambitions.
Flash-back et propos choisis !
La Baule

Croissance, où es tu ?

Ce n’est pas parce que la WIC a pour cadre l’immense plage de sable fin de la baie de La Baule et le décor au charme suranné de l’Hermitage qu’on ne se pose pas de graves questions, à l’heure de la crise de la dette, de l’incertitude financière et économique et des changements d’états-majors dans quelques pays ayant pignon sur rue ! Sujet du jour : Renouer avec la croissance. La belle affaire ! Chômage en hausse, liens plus ou moins révélés entre crise et corruption, Euro ou pas Euro, une roadmap européenne peu lisible, une logique économique parfois oubliée et une nouvelle donne géo-économico-politique planétaire à intégrer… Conclusion préliminaire : on est tous dans le même bateau et il est temps de se mettre au travail et d’arrêter de se lamenter et de crier au désastre (un travers typiquement européen) ! Pour renouer avec la croissance, cqfd. Comment ? En mélangeant les ingrédients clefs que sont la R&D et l’innovation, en investissant dans l’avenir et en soutenant les PME, futurs champions du monde ou de leur marché de niche, peu importe. D’ailleurs, à la question « From where will Europe recove attractiveness?”, les participants de la WIC ne se trompent pas et 37.9% d’entre eux désignent les entrepreneurs, d’ici et d’ailleurs, comme les garants d’un monde économiquement meilleur.

Innover, créer, produire, penser différemment

Thinking out of the box ! On l’a dit et répété, les innovations de rupture viennent souvent du croisement des disciplines, de réflexions transversales, des interactions culturelles. Mais il ne faut pas oublier que « l’innovation est un processus par lequel une idée se transforme en produit ou en service pour lequel les gens vont payer » ! Une idée, un marché ?! Le tout dans la flexibilité, la réactivité et avec compétitivité ! Et c’est là que l’Europe peut mieux faire et apprendre à saisir les opportunités ! Si les secteurs à la mode (biotech, nanotech, cleantech, iTech…) et si les stratégies (clusters, crédits d’impôts, promotion des partenariats public-privé…) se suivent et se ressemblent à travers le monde (développé), le besoin d’harmonisation et de simplification reste intact, couplé à la nécessité d’apprendre à surfer sur ses atouts intrinsèques, notamment au niveau régional avec l’approche de smart specialisation. Going back to the roots ! Pour l’Europe, la santé apparaît ainsi comme un secteur de choix dans lequel l’héritage scientifique et industriel et la notion d’interface entre soin, prévention, alimentation, technologies innovantes peuvent permettre à l’Europe de (re)affirmer son leadership, d’autant plus que le marché, population vieillissante oblige, explose ! Mais le cocktail magique de la compétitivité n’est pas si simple. S’il faut chercher et innover plus vite et plus intelligemment, il faut aussi produire différemment, limiter les freins institutionnels, faciliter la mobilité sociale et l’expression des talents, écouter les besoins des employés, des clients, des consommateurs, des marchés extérieurs. Oui, la 3e révolution industrielle sera à l’image du Wifi, sans frontières, a dit Jeremy Rifkin, guest star de la WIC 2012 ! Oui, le monde est réellement devenu global et intégré ! Et 55% des participants de la WIC 2012 estiment que l’Europe n’est pas assez innovante pour rester la première puissance économique mondiale !

Une Europe à réinventer dans un monde globalisé

En effet, si l’on considère les deux principaux moteurs de croissance, l’innovation et la démographie, l’Europe ne tient la route dans aucun des deux. Et a perdu ses idéaux ! Construite sur l’idée de paix, de prospérité et d’identité européenne, la belle Europe, à peine soixantenaire, se morfond sur fond de crise de l’Euro, d’interrogations sur ses frontières, de difficultés à trouver des consensus à 27 et de pessimisme latent ! Pour lui redonner son aura de grande et belle idée, il faudrait commencer par cesser de se voir comme un musée et finir le travail commencé sans s’arrêter en (bon) chemin, affirment les Australiens ou Indiens présents à La Baule ! Comment se réinventer et proposer un nouveau « rêve européen » ? En revenant à ses fondamentaux : l’Europe est la contrée qui lève les frontières, est ouverte sur l’extérieur et unie à l’intérieur. Cela commence, à l’image de ce qui a été fait il y a quelques décennies avec la culture américaine, par la compréhension de nouvelles formes de pensées et notamment celles de la culture asiatique et chinoise en particulier, dont le spectre de future potentielle première puissance économique mondiale planait sur la WIC. 700 millions de chinois, et moi et moi et moi ! Pourtant l’Europe reste le premier marché mondial riche de son demi-milliard de consommateurs éduqués et au fort pouvoir d’achat et a attiré en 2011 plus de 3900 projets d’investissements étrangers, comme l’indique l’incontournable European Attractiveness Survey présentée chaque année en avant-première par Ernst & Young à La Baule. 
Morale de l’histoire ? L’Europe reste incontournable et unique dans son histoire, son concept, sa culture mais doit apprendre à mieux se vendre et à plonger dans le grand bain d’un monde nouveau.
« Si vous êtes dans une piscine dans laquelle se trouve un alligator, la solution n’est pas de nager plus vite que l’alligator mais de nager plus vite que les autres nageurs ! » Il n’y a pas de crocodilien ni de requin dans la baie de La Baule, mais tel est en substance le conseil d’ami délivré par un des conférenciers de la WIC, à bon entendeur…


Invention, Innovation and so on...

7e édition du Prix de l'OEB des Inventeurs Européens de l'Année
Juin 2012

Munich, Ljubljana, Prague, Madrid, Budapest, Copenhague… 

Sur la trace des Inventeurs Européens, à l’occasion de l’événement très côté organisé chaque année dans une capitale européenne par l’Office Européen des Brevets et qui se déroulait, pour sa 7e édition, le 14 juin 2012 à Copenhague.

Printemps après printemps, sous les voûtes historiques de l’imposant Château de Prague, sur un bateau voguant sur le Danube, sur les quais de Copenhague, on y célèbre l’innovation créatrice de valeur et de progrès et, surtout, les inventeurs, les histoires d’hommes (et de, rares, femmes), les aventures entrepreneuriales, les idées géniales, les révolutions technologiques ou les hasards bienheureux.
Et des belles histoires, des grands succès, et surtout, des grands progrès, notamment médicaux, il y en a.

Copenhagen

Comprendre l’auto-immunité, soigner maladies infectieuses et cancers, réparer la vision ou l’audition : all we need is health

En 2007, c’était Marc Feldmann qui était sacré pour « l’œuvre d’une vie » consacrée à l’immunobiologie et marquée par la découverte du rôle des cytokines dans les processus auto-immuns, à la base d’un brevet et d’un traitement majeur contre l’arthrite rhumatoïde. Si l’évocation du CMH et de TNF& avait alors réveillé des souvenirs pas si lointains de ma thèse, l’interview avec Marc Feldmann révéla surtout une grande modestie et une non moins grande passion et conviction au service de la recherche translationnelle (déjà très à la mode) et de la médecine. Co-nominé moins chanceux, Alec Jeffreys, célèbre inventeur des empreintes génétiques, était également de la partie cette année là. Très orientée sur la santé et la mobilité, l’édition 2008, organisée dans la charmante capitale slovène, avait, au cours d’une mémorable « Inventor’s Night », célébré, parmi d’autres, le belge Erik de Clercq, pour ses recherches en virologie et thérapie antivirale, et notamment le développement du traitement combiné de référence contre le Sida. Santé toujours, mais en pleine crise, l’énergie devient omniprésente dans les palmarès et les préoccupations, 2009 fut l’année des « grandes causes », en Occident avec le médicament Glivec qui a révolutionné le traitement de la leucémie myéloïde chronique, et dans les pays en développement, un traitement commercialisé par Novartis et inventé par un chinois contre le paludisme. Si son nom n’est pas connu du grand public, le Français et bien nommé Joseph Le Mer, inventeur français d'un échangeur de chaleur énergie-efficient et passionné de voile dans ses moments libres, est pourtant bien présent chez nombreux d’entre nous et restera un grand moment d’interview !
Et la cuvée 2012 ? Santé, énergie, télécommunications ! Avancées technologiques, priorités sociétales, opportunités de l’économie de la connaissance, seule issue à la crise qui n’en finit pas : tout est là. Les inventeurs, australiens, du Wifi, ont donc été récompensés dans la catégorie « Non européens », nul n’est besoin de s’interroger sur l’impact économique de cette invention, quasi révolution. Dans la catégorie PME, c’est un dynamique tandem allemand (et un peu français) qui été jugé le plus puissant avec 
sa pile à combustible portable à base de méthanol appelée Smart Fuel Cell. Même si le chausseur italien Geox, nominé pour son innovation futée, représentait un beau challenger issu d’un secteur moins high-tech que d’habitude, c’est la santé qui a raflé la mise : le Marseillais Gilles Gosselin pour ses travaux sur l’hépatite B concrétisé par la création de la start-up qui n’en plus vraiment une, Idenix, l’Allemand Josef Bille qui a révolutionné les techniques d’ophtalmologie et de chirurgie oculaire grâce au laser et enfin le groupe familial et fier de l’être, Widex, leader de la prothèse auditive sur-mesure (dont le siège social, centre de R&D et production dans les alentours de Copenhague est une merveille d’architecture éco-efficiente et hautement qualitative). Nous pouvons donc vieillir en paix, la recherche avance, les idées foisonnent et l’industrie de la santé (pharma, biotech et matériel médical) reste un exemple de secteur où on a très vite compris qu’il fallait sans cesse innover (les chiffres des dépenses de R&D des grands et petits du secteur en témoignent), collaborer (la recherche partenariale et le out-licencing, de gré ou de force, sont devenus la règle chez les big pharmas), breveter (le secteur, avec près de 19000 soumissions en 2011 est de loin le plus important en nombre de brevets soumis chaque année à l’OEB).

Vous avez dit « unitaire » ?

244000 demandes et 62100 brevets accordés en 2011, année record, une réputation de brevets « qualitatifs » et juridiquement solides, l’OEB, qui se situe parmi les premiers organismes de propriété industrielle au monde, est le bras armé de l’Union Européenne en matière de PI et au-delà, un acteur pour optimiser les conditions d’innovation en Europe. En 2007, lors de ma première participation et alors que l’OEB fêtait ses 30 ans, on imaginait le futur du brevet (ou le brevet du futur) en 4 scénarios, au gré de la loi du marché omniprésente, de la globalisation massive, de la connaissance partagée ou d’une dualisation entre secteurs traditionnels et high-tech. Et on attendait la signature du protocole de Londres et l’émergence d’un véritable brevet communautaire. En 2012, on traduit désormais les brevets grâce à Google mais on attend toujours le feu vert pour lancer ce Graal de la PI et de l’Union Européenne dont on discute depuis 1975… Entre temps rebaptisé « unitaire », le brevet de l’Union Européenne a été mis en œuvre en 2011 sous les auspices de la « coopération forcée » entre 25 pays membres. Son entrée en vigueur, sous réserve d’accord sur le choix de la ville (Paris, Londres, Munich, et peut-être même Milan, sont en lice, verdict annoncé pour fin juin) abritant l’instance de règlement des litiges, est toujours pour 2014 avec à la clef la promesse de 70% d’économie sur le coût de dépôt d’un brevet. Bref, rien de très neuf sous le soleil (voilé) de Copenhague en ce mois de juin 2012 mais une nouvelle belle occasion de célébrer l’innovation, les inventeurs, la créativité, la compétitivité… And so on…


30 ans, le bel âge...

FIV, AMP, bioéthique et société: où en est-on ?

Février 2012

Amandine, premier “bébé-éprouvette” français a 30 ans aujourd’hui et son aînée d’éprouvette, Louise Browns, née au Royaume-Uni, en aura bientôt 34. Le Pr Robert Edwards, inventeur de la FIV (Fécondation In Vitro), a eu le prix Nobel de Médecine en 2010. Mais, quelques trois décennies plus tard, où en est on ? La France, pays pionnier en son temps dans ce domaine, a pris du retard, prend du retard. Pour imager, on pourrait dire bloquée au stade « 4 cellules » (l’état minimal requis pour transférer un embryon conçu par FIV, qui se développera ensuite in utero en 8 cellules puis en morula et ainsi de suite avant de s’implanter définitivement et de se transformer en foetus… ou pas car la nature est imprévisible et souvent cruelle) !
Lois trop contraignantes, recul scientifique et technologique, fardeau culturel, idéologies rétrogrades trop prégnantes ? Pourquoi tournons nous en rond dans l’éprouvette en matière d’assistance médicale à la procréation à l’heure où l’infertilité devient un réel souci de santé publique ?

Deux études publiées récemment par l’InVS (Institut National de Veille sanitaire) révèlent l’importance de ce thème trop peu médiatisé et trop peu connu des décideurs et du grand public. En 2008, 121515 cycles de traitement contre l’infertilité ont été réalisés en France toutes techniques confondues (inséminations, FIV, dons) conduisant à la naissance de 20136 enfants (on appréciera au passage le taux de succès de 14.7% en nombre de grossesses à terme), qui représentent 2,4% des naissances de l’année. Et on estime aujourd’hui qu’environ un couple sur 4 à 6 qui arrête d’utiliser un moyen de contraception sera concerné par une infécondité involontaire d’un an. Le phénomène n’est donc nullement marginal et les données épidémiologiques ne montrent pas une amélioration, bien au contraire.

Où en est la science ? Elle n’avance plus, ou plus aussi vite. Parce qu’après le saut technologique au doux nom d’ICSI (Intra Cytoplasmic Sperm Injection qui permet de féconder directement un ovocyte par un spermatozoïde sélectionné et optimise les chances de créer un embryon en cas d’infertilité masculine) en 1992, on bute désormais, notamment, sur des phénomènes mal connus concernant la nidation et le développement embryonnaire. Mais ce n’est pas seulement et malheureusement pas l’état des connaissances qui freine le progrès, c’est essentiellement la législation qui empêche d’avancer. Car si les taux de succès des FIV stagnent en France (il faut savoir que moins d’un couple sur 2 concrétise son projet parental et ce, malgré et au bout de, parfois, plusieurs années de traitements), c’est notamment parce que la recherche sur l’embryon y est interdite (sauf dérogations), ce qui limite l’acquisition des connaissances et la compréhension des processus biologiques que l’on pourrait ensuite tenter de mimer in vitro ou ex vivo. Une technique récemment mise au point de vitrification (congélation rapide) précieuse pour conserver les embryons (surnuméraires obtenus lors d’un cycle de stimulation et conservés pour une implantation ultérieure en cas d’échec) ou les ovocytes (pour les femmes devant par exemple subir une chimiothérapie et souhaitant conserver leur capacité à procréer après traitement) existe et permet d’augmenter significativement les chances de grossesse. Mais elle n’est adoptée et utilisée que peu à peu en France et au bon-vouloir des centres AMP… Principe de précaution, résistance au changement et au progrés ? … On constate aussi dans notre beau pays un sous-équipement technique chronique : les gamètes récoltées et les embryons mis en culture doivent être précieusement surveillés et incubés à température strictement constante mais les centres français ont peu d’incubateurs, qui servent pour beaucoup de couples et sont donc ouverts et rouverts à chaque manipulation, quelques degrés et variations à la clef à chaque fois. Une imparable « sélection naturelle » mais surtout une grande perte de chances…

Où en est la société sur ces questions ? Les débats vains se succèdent, mettant trop souvent en avant ceux qui ne sont pas concernés et prônent un dogmatisme hors d’âge. Le sujet des « mères porteuses » en est un bon exemple. Cela concerne-t-il seulement quelques stars et starlettes hollywoodiennes qui veulent pouvoir dégainer (et rentrer) dans leur fourreau red carpet à tout moment ? Certainement pas et alors que, malgré les récentes tentatives de greffe d’utérus et des travaux restés inaboutis sur l’utérus artificiel, la science ne sait pas (encore ?) répondre à ces problèmes là, on refuse à celles qui sont concernées une opportunité d’avoir un enfant issu du couple mais porté, dans un geste qui n’est pas anodin mais qui est surtout altruiste, par une autre. La question de la gratuité, qui se pose également dans le cas du don (de gamètes notamment) est ici posée. Pourquoi s’arc-bouter sur ce principe de la gratuité (et de l’anonymat du don) ? Hypocrite et naïf, ce principe est fortement inégalitaire : rappelons qu’il n’y a pas d’égalité en matière de procréation entre « fertiles » et malchanceux « infertiles » et que les couples infertiles doivent montrer patte blanche et certificat de mariage avant d’être acceptés en centre AMP et qu’ils ont 4 chances remboursés par la Sécurité sociale quand les autres en ont… tous les mois ! Il est surtout injuste et, face aux listes d’attente en France (plusieurs années pour un don d’ovocytes), cela conduit à d’autres dérives pourtant décriées, celui de la recherche de donneurs à l’étranger et du tourisme procréatif. Quand on connaît la lourdeur d’un protocole de stimulation ovarienne, est il raisonnable de ne pas envisager un dédommagement pour les préjudices physiques subis, à l’image de ce qui se fait en Espagne, pays pourtant très catholique mais beaucoup plus en avance sur ces questions là que la France. Si l’hypocrisie est latente, il y a aussi pas mal d’ironie au détour du chemin : en novembre 2011, l’Agence de Biomédecine lançait une grande campagne en faveur du don de gamètes, visant le recrutement de donneurs (les conditions stipulent que les donneurs doivent être eux-mêmes parents, et âgées de moins de 37 ans pour les femmes). Mais c’est, bizarrement, dans les centres AMP que l’on voit ces affiches ! Ne serait ce pas plutôt dans les maternités qu’il faudrait placarder ces appels à la solidarité, pour sensibiliser ceux qui ont naturellement la chance et les capacités physiques à avoir un enfant? Cachez ce mal que je ne saurais voir : à l’heure de la glorification à tout va de la parentalité de tout type, l’infertilité serait-elle un nouveau tabou social ?
Autre mystère, qui se situe sans doute à mi-chemin entre le culturel, le philosophique et le scientifique, comment expliquer que, dans nos sociétés développées où l’on parle tant d’égalité entre les sexes, quand c’est l’homme qui est infertile, on traite, uniquement et massivement, la femme, fut-elle, elle, tout à fait fertile ?! On a donc su mener et conclure des recherches sur les difficultés érectiles mais pas sur les problèmes d’infertilité masculine ? Pourquoi le marché pharmaceutique regorge-t-il de petites pilules bleues et n’y a-t-il pas un seul médicament permettant de traiter l’infertilité à sa source quand elle provient de l’homme, soit un cas sur deux environ chez les couples concernés ? Les chiffres rappelés plus haut sont sans appel, ce n’est pas une question de marché de niche non rentable et de pathologie orpheline… Alors, misogynie ambiante, suprématie masculine (notamment dans le milieu médical), (faux) culte de la virilité, distorsion culturelle héritée, notamment, de sarcastiques injonctions religieuses qui pèsent sans doute sur nos mentalités judéo-chrétiennes ? Il faut noter ici que la toujours très en avance religion catholique à la morale pourtant souvent discutable est la seule des grandes religions à refuser et condamner l’assistance médicale à la procréation… On en pense ce qu’on veut mais ce fardeau culturel-sociétal-religieux aura sans doute pesé sur les non-avancées des débats lors de la révision de la loi de bioéthique.

Car, au fait, où en est donc la loi ? 1994, 2004, 2011 : la Loi de Bioéthique en France est un peu un long fleuve tranquille et paresseux. Dans la torpeur de l’été et avec trois ans de retard (la loi de 2004 devait être révisée initialement en 2008…), il n’y a pas eu de révolution en juillet 2011, même si quelques espoirs étaient nés en première lecture au Sénat, pour une fois, plus avant-gardiste ou du moins en phase avec la réalité. Après de vaines avancées vers une « autorisation avec restrictions », on est revenu vers « l’interdiction avec dérogations » : la nuance est subtile mais implacable et la recherche sur l’embryon reste donc interdite en France. Idem pour la gestation pour autrui et les assouplissements en matière de dons de gamètes : statu quo. Est-ce à relier au fait que les députés et sénateurs sont majoritairement des hommes d’âge mûr (ne vexons personne), tout comme d’ailleurs quelques grands mandarins en centres d’AMP pour lesquels la lourdeur, physique et morale, des protocoles semblent être un mythe… ?! Si on ne peut que déplorer l’attentisme, l’indifférence et les combats d’arrière-garde, il reste que les opportunités (et les évolutions à venir) en matière d’AMP doivent rester strictement encadrées, qu’il s’agisse de la gestation pour autrui, des mesures incitatives au don d’ovocytes et surtout en premier lieu de l’accès à l’AMP (et son remboursement, la France étant un des rares pays où la Sécurité sociale rembourse 4 tentatives par couple) qui doit rester strictement réservé à l’infertilité médicale et non à une infertilité sociale ou à des convenances personnelles. Ce qui n’empêche pas la loi et la société de s’adapter et la science d’avancer. Bon anniversaire Amandine !


Communicating the Bioeconomy: un challenge européen

Février 2012

« Communicating the Bioeconomy »: à une semaine de la publication de la nouvelle stratégie de l’Union Européenne en matière de bioéconomie, le workshop organisé le 7 février à Bruxelles par la DG Recherche et Innovation était d’actualité. Et ne pouvait manquer de m’attirer, la communication autour des biotechnologies et de la bioéconomie étant le cœur de l’engagement et de l’activité de VICBIOSTART depuis plus de 10 ans.


Dans un Bruxelles blanchi par la neige, une cinquantaine de scientifiques, journalistes, consultants, représentants de projets et d’institutions européennes avait donc la mission et l’ambition d’échanger et de s’informer sur les enjeux, les pratiques et les « tips » pour mieux communiquer, voire vulgariser, ce secteur encore mal connu et mal compris du grand public (et pas seulement sans doute !).
Pourtant à l’heure de l’Europe 2020, la bioéconomie a tout bon côté « smart growth » et « green growth ». Mêlant dans un même élan prometteur science et industrie, recherche fondamentale et appliquée, innovation et transfert de technologie, elle incarne à merveille cette fameuse « économie de la connaissance », éternel cheval de bataille de l’Europe. En première ligne pour inventer les nouvelles sources d’énergies renouvelables, exploiter la biomassse et les vaillants micro-organismes aux ressources et propriétés insoupçonnées, et mettre au point les technologies pour fabriquer « propre » et durable, elle est aussi une belle illustration de cette croissance qui sera demain verte et belle sur la planète Terre. Cerise sur le gâteau : les biotechnologies, rouges, vertes, blanches, mais aussi jaunes, noires, mauves et bleues, sont à même de contribuer à répondre aux grands enjeux de demain : « food, feed, fuel, fiber, health », autrement dit et entre autres, nourrir et soigner une population sans cesse croissante et encore plus vieillissante et fournir de l’énergie et du carbone dans un environnement sain à nos sociétés toujours plus consommatrices faute d’être de plus en plus développées.

MontagneNeige

Pourtant même si les biotechnologies et la bioéconomie sont déjà omniprésentes dans notre quotidien (des poches en maïs du supermarché aux bouteilles de soda recyclables, des vaccins aux traitements hormonaux, des aliments en 3 lettres si tabous mais pourtant tant consommés aux voitures roulant au bioéthanol, 2e génération s’il vous plait), elles restent auréolées d’un grand mystère et révèlent un gros complexe d’infériorité face aux secteurs industriels durs, purs et reconnus (prenons l’exemple de Toulouse dont le géant avion cache les, par effet de ricochet, peu visibles biomédicaments ou aliments sous label de qualité !) et un complexe de… complexité. Complexe la bioéconomie ? Oui et à double titre. Transversales dans leurs applications et multidisciplinaires dans leurs fondamentaux scientifiques, les biotechnologies font appel aux sciences du vivant (vaste domaine s’il en est) mais aussi à la médecine, à la chimie, aux matériaux, et flirtent aussi parfois avec les nanotechnologies et relèvent donc d’une compréhension fine et multidisciplinaire d’approches et de théories scientifiques diverses. Elles portent aussi une complexité structurelle, liée à la diversité des acteurs impliqués (laboratoires de recherche, start-up, PME, grands groupes mais aussi agriculteurs, associations de patients ou de consommateurs, institutionnels, agences de régulation…), à une montée en puissance des collaborations et des partenariats (notamment public-privé) et à la notion très spécifique de « chaîne de valeur » (les fameux « from farm to fork », « from stable to table », « from bed to benchside »… La liste n’est pas exhaustive). On peut aussi rajouter une couche de « cluster », les biorégions ayant aussi fleuri au fil des années en Europe, des historiques Medicon Valley ou Triangle Oxford London Cambridge aux plus récents pôles de compétitivité français tel Cancer-Bio-Santé.

Complexes donc, difficilement compréhensibles par le commun des mortels (et des gouvernements qui multiplient pourtant depuis des années des « blueprint », « white paper » et autres plans d’action plaçant les biotechnologies au cœur des stratégies et priorités scientifiques et économiques…) et nécessitant donc un effort et une attention de « communication » si l’on veut éviter les malentendus et les réactions négatives teintées de résistance au changement comme pour les OGM. OGM dont on oublie aussi qu’ils permettent, grâce à des variétés optimisées, d’utiliser moins de pesticides et moins d’eau, mais c’est un autre débat ! A Bruxelles ce 7 février, on a aussi évoqué le système de santé publique (qui est de fait un « illness system » plutôt qu’un « health system », la prise en charge et l’activité économique liée étant associées à la gestion de maladies et de malades plutôt qu’à la (bonne) santé. A qui profite le crime et pourquoi nos approches médicales sont elles aussi curatives et si peu préventives ?! Question de culture sans doute (nous ne sommes pas en Chine) mais pas seulement. Pourtant à l’heure du vieillissement de la population et des statistiques indiquant qu’un tiers de la population devrait être touchée au cours de sa vie par un cancer, suivi ensuite d’une quelconque dégénérescence neurologique liée à l’âge, on peut légitimement s’inquiéter de la « sustainability » de nos systèmes de santé publique…. Mais c’est là encore un autre débat ! A Bruxelles, on a aussi parlé du « cycle d’innovation en biotech » et du financement de la bioéconomie, secteur à ROI lent quand un biomédicament nécessite des années de recherche avec un « attrition rate » élevé et des tonnes de paperasses pour obtenir une AMM (le fameux regulatory burden qui pénalise tant les entreprises innovantes aux prises avec les législations nationales, communautaires et internationales) avant de dire adieu, à peine 20 ans après, à l’exclusivité de son brevet. Le brevet européen ? Non c’est un autre débat ! Mais à propos de brevet, si l’Europe tient la corde avec les Etats-Unis en termes de publications, elle décroche quand on parle de brevet et donc de transfert et donc de transformation (de l’essai) : la route « de l’idée au marché », des connaissances au produit, est longue en vieille Europe, et sans doute en particulier en France ! Ne parlons pas de l’Asie, qui avance très vite et ne s’est pas contenté de rester l’usine du monde…

Bref, la bioéconomie est partout même si personne ne le sait et ne le voit –ne veut le voir- et demain, nous soignera des maladies les plus chroniques et incurables à ce jour, nous permettra de nourrir les 7 milliards d’humains (et plus demain) qui peuple la Terre tout en continuant à se chauffer, s’éclairer, se déplacer et nous apportera en plus emplois et valeur ajoutée ! Eureka ! Si la bioéconomie n’était pas là, il faudrait l’inventer ! Alors Europe 2020, Lead Market Initiative, KBBE (pour les non-initiés : Knowledge-based BioEconomy), en attendant la version 2012 de la stratégie européenne qui lancera peut-être enfin une véritable « biorévolution » : communiquons ! Et avançons dans le(s) débat(s) tout en permettant aux acteurs du secteur de faire progresser les connaissances sur le vivant, de breveter, de publier, de sortir des produits sur le marché, en un mot, d’INNOVER !


2012, tracer l'avenir de tous les possibles

Janvier 2012

2012 : Une année placée sous le signe de l’audace, du courage, du changement, et sur les traces du bonheur, du succès, de la sérénité et de l’épanouissement des idées et des projets. « Tracer l’avenir de tous les possibles » est, en ce début d’année, une détermination personnelle et le slogan de VICBIOSTART en souhaitant à chacun, sur fond de ciel bleu, de suivre son propre chemin vers un horizon prometteur.

Si l’année est nouvelle, 2012 reste la suite logique de 2011. Et les idées neuves et révolutions de pensée restent rares quel que soit le microcosme dans lequel on évolue ! Alors qu’Europe 2020, suite à la défunte Stratégie de Lisbonne, place la R&D&I (recherche, développement, innovation), le changement climatique et l’énergie, mais aussi l’emploi, l’éducation et l’exclusion sociale parmi ses priorités, la créativité, l’innovation, l’économie de la connaissance et sa consoeur la croissance intelligente, l’internationalisation, le développement durable sont toujours les facteurs clefs de réussite. Mais l’époque remet donc aussi au centre du jeu et des enjeux l’être humain, l’éthique et l’authenticité, qu’il s’agisse de l’avènement de la médecine personnalisée, de la quête de naturalité en matière d’alimentation ou de la (très lente) progression du droit face aux progrès scientifiques et aux évolutions sociétales.
Voeux 2012

2012 commence donc comme a fini 2011 : sans neige mais sous le signe du blanc ! La tendance « color block » étant (heureusement) passée, c’est au tour des livres blancs et autres recommandations de fleurir, sans attendre les hirondelles, mais justement en prévision du printemps et de ses échéances politico-stratégiques.

Dans la sphère de l’entreprenariat et de l’innovation, le Livre Blanc du Comité Richelieu et les Recommandations de l’Académie des Technologies s’intéressaient dès mi décembre au financement des entreprises innovantes, notamment dans le domaine, toujours aussi mal aimé des investisseurs, des biotechnologies et du drug discovery. On constatait alors la fin du modèle de financement des années 90 et on avançait une série de propositions « pour faire des PME innovantes des champions de la croissance et de l’emploi », en soutenant l’innovation et en accompagnant la création et le développement d’entreprises performantes.Et en optant notamment pour la sélectivité, car, si la sélection naturelle fonctionne très bien en temps de crise, autant ne pas gaspiller les moyens (limités toujours à cause de ladite crise), éviter le saupoudrage et ne choisir que l’excellence ! Toujours d’actualité aussi, l’accès pour les PME à la commande publique incarné par le très américain Small Business Act dont le petit frère européen est encore au stade embryonnaire. Hommage soit rendu en passant au Dr Edwards, Prix Nobel de Médecine 2010, mais dont le génie ne s’étend malheureusement pas à la fécondation de toutes les bonnes idées. L’argent restant, ici comme ailleurs, souvent le nerf de la guerre, comités, académies et autres experts réclament depuis des mois (des années ?) le renforcement du système de capital risque et notamment celui de l’amorçage early stage. D’un « equity gap » à l’autre et parce que la notion de proximité est remise à l’honneur, le Fonds Stratégique d’Investissement (FSI) Régions s’est déployé début janvier, avec pour mission de renforcer les fonds propres des PME jusqu’au fin fond des provinces ! Car, même ou surtout à l’ère de la mondialisation, « territoire » n’est plus un vain mot et « si vous voulez créer une entreprise, la localisation compte », précise l’OCDE, qui, données à l’appui, détaille les pays où il fait bon faire du business. Si l’esprit d’entreprise et la culture de l’entreprenariat (et la légèreté administrative) ne sont malheureusement pas les qualités les plus répandues au pays des fromages, des classements datant de 1855 et des climats depuis longtemps protégés, il restera toujours un certain art de vivre, un certain talent pour l’excellence (scientifique notamment), un certain esprit à la française hérité des heures de gloire passées sur lesquelles il faudrait peut-être aussi cesser de se reposer. Même si on peut s’énorgueillir d’avoir « inventé », il y a quelques trois siècles, l’industrie du luxe, vrai fleuron de compétitivité et de notoriété. Un secteur qui, comme dans l’œnologie, manie si bien tradition et innovation et où comme ailleurs, le mot d'ordre est: création / créativité! Dans un registre différent, alors que la communauté scientifique célèbre cette année les 200 ans d’un journal médical à fort facteur d’impact, le très bostonien New England Journal of Medicine né au cœur de ce qui allait devenir l’un des bioclusters de référence au niveau mondial, on peut se réjouir des avancées scientifiques et médicales qui ont alimenté les derniers siècles et surtout décennies. Car il paraît qu’en à peine un peu plus de 10 ans, nous avons acquis plus de connaissances que ce qui avait été appris depuis l’origine des temps jusqu’à la fin du XXe siècle ! 

La boucle est bouclée pour, de la science au vin en passant par l’économie et l’art, placer l’année 2012 sous le signe de la créativité et de la pugnacité !


Arty Fall

Dans l'art du temps...

Novembre 2011

Printemps de Septembre, Collector Tri Postal, FIAC: 3 villes, Toulouse, Lille, Paris, et 3 approches et visions de l'art contemporain.


A Toulouse, le Printemps de Septembre, né cadurcien il y a 21 ans, propose chaque automne un festival éclectique, mêlant expressions artistiques (de la photo historiquement à une 20e édition dédiée à la performance) et se voulant ouvert au public et sur la ville. Moins énigmatique que les précédentes « Là où je suis n’existe pas », ou « Là où je vais je suis déjà » (2008, 2009), le Printemps 2011 se voulait, sous la direction d’une nouvelle commissaire, Anne Pontégnie, « d’un autre monde ». Pendant 3 semaines, du 23 septembre au 16 octobre, le festival présentait, à Toulouse et alentours, une vingtaine d’expositions et une cinquantaine d’artistes, associés à des Soirées Nomades (mention spéciale au sympathique Splash Wave), des Apéros du Bout de la Nuit et à un parcours lumière dans la ville rose. Tout un programme au cours duquel on a pu découvrir un géant totémique au cœur de l’ancien prieuré des Chevaliers de Saint-Jean ou des gargouilles post-modernes aux Augustins signés Thomas Houseago, tenter de comprendre la danse Butô ou le théâtre No grâce à Tatsumi Hijikata et Simon Starling dans l’ancien couvent gothique des Jacobins. Au Château d’Eau, en écho à l’architecture ronde et technique du lieu, Ei Arakawa échafaude une théorie de séparation d’algues dans son gel (acrylamide ?) « See weeds ». 15 artistes plus loin aux Abattoirs, on retraverse la Garonne pour écouter les musiques florales de la belge Edith Dekyndt sur fond d’acides aminés et d’ondes invisibles. Poétique. Après la référence pseudo-scientifique, place à l’Histoire, ou plutôt la Préhistoire avec « Grotta Profunda ou les Humeurs du gouffre » de Pauline Curnier-Jardin à Niaux. Pas de choc visuel ou conceptuel pourtant en ce Printemps de Septembre 2011. Il n’y a plus de saison… Vivement 2012 !
PrintempsSeptembre2011

A Lille, il semblerait que la saison bat son plein depuis 2004 et la bienvenue consécration comme Capitale Européenne de la Culture. En cet automne 2011, l’exposition Collector propose une rétrospective impertinente (et quelques valeurs sûres) à travers un panorama admiratif des 220 ans de collection du Centre National des Arts Plastiques. Pêle-mêle, dans ce fameux Tri Postal rénové en 2003, 40 ans d’art contemporain et quelques clins d’œil jusqu’au XVIIIe siècle, vus sur trois étages et sous trois angles : « Les grands trans-parents », « Dommages collatéraux » et « Life is a killer ». Avec l’autruche du « pape » Maurizio Cattelan (pas de Nona Ora dans la collection Collector…) en invitée spéciale de l’affiche de l’exposition qui se tient du 5 octobre au 1er janvier 2012, Collector balaie références illustres du passé et icônes déjà cultes ou en devenir de l’art contemporain : Matisse, Ingres, Saura, Doisneau, Rauschenberg, Starck, Warhol, Ron Arad, AES, matali crasset, Castelbajac…), la sélection est éclectique et les images s’entrechoquent : la DS coupée de Orozco répond à la Déesse de Milo, le Néo-Codion de Baudevin ne nous soigne de rien, la guerre de Wang Du guette, le rêve américain de Mounir Fatmi s’effondre et celle d’AES se voile (triste prémonition), les nombres d’Opalka s’alignent et disparaissent jusqu'à la mort tout comme les crânes de Saâdane Afif tandis que l’horloge Real Time de Maarten Baas compte le temps qui passe. Plombant ou vivifiant ? Qu'on aime ou pas le climat rafraichissant et les rustiques fromages du Nord de la France, Lille épate avec sa programmation culturelle qui fait date, son habilité à impliquer acteurs économiques et publics diversifiés, son inventivité pour recycler piscine, centre postal, église ou gare désaffectée en lieux d’art et autres Maisons-Folies, sa vision « XXL » et festive de l’art. Bombaysers de Lille… 3000 !

L’automne arty ne serait pas ce qu’il est sans l’incontournable FIAC, car c’est bien sur à Paris que cela se passe côté business, marché et mondanités. Loin de la crise ambiante paraît-il, et dans un grand écart entre art moderne et art contemporain, la Foire Internationale d’Art Contemporain 2011 avait cette année investi le prestigieux Grand Palais mais s’égayait aussi dans les jardins des Tuileries, où l’on retrouvait des œuvres de la Biennale (océanique) d’Anglet et au Jardin des Plantes. Les grands noms étaient tous là, des artistes (Cyndi Sherman présente au Printemps de Septembre toulousain en 2005, Soulages, Louise Bourgeois, Murakami, Xavier Veilhan, Buren, Gursky, Lichtenstein, Damien Hirst…) aux galeristes de la place et d’ailleurs en passant par quelques VIP. Avec 21 pays et 168 galeries représentés, 70 000 visiteurs, la FIAC 2011 signerait un grand succès qui placerait désormais Paris juste derrière la grand-messe Art Basel. Vive la France !


Europe: Smart specialisation pour croissance durable

En direct de la Conférence "Regions for economic change", 23-24 Juin 2011, Bruxelles

Juin 2011

Smart specialisation ?
C’est le tout nouveau, ou presque, concept en vogue à Bruxelles pour booster la compétitivité et la croissance européennes. 

L’idée : définir, et mettre en place, une vision stratégique et intelligente du développement économique régional basé sur une spécialisation territoriale sectorielle. Mais pas seulement : il s’agit ici d’être spécialisé mais surtout pertinent et différenciant ! Halte aux clusters à tout-va (on se souvient des quelques 2000 clusters répertoriés en Europe à l’origine de la communication « Towards worldwide clusters » de la Commission en 2008), et aux territoires tous désormais également parsemés de « TIC Valley », « Bio Region », « Technoparc » et autres pôles de compétitivité qui manquent d’excellence et regorgent de concurrence !

EU Flag Berlaymont

Dans la « smart specialisation » que l’on traduira au choix en français par « élégant » ou « intelligent », chaque région, au sens européen du terme, est censée se focaliser sur son « core business », savoir ce pour quoi elle est douée sur la base de son histoire, de ses compétences, de ses ressources, de son tissu économique, de ses clusters existants (on ne les oublie pas malgré tout) et implémenter sur cette base une politique régionale dédiée qui consiste ici à accompagner les initiatives, compétences et acteurs présents. Nouveauté de l’exercice : on n’est ici ni dans le « bottom-up », ni dans le « top-down » mais dans une juste synergie entre acteurs politiques, économiques, académiques, universitaires, car le tout s’intègre dans les stratégies récemment dévoilées de l’Europe « Innovation Union » et « Europe 2020 ». Autre fait intéressant : on s’intéresse désormais dès le départ à l’évaluation, au suivi et à la vision stratégique… Sans oublier d’ajouter une touche de vert, « smart & green » étant les deux facettes du développement économique durable de demain… Et bien sûr une forte dose d’esprit d’entreprise et de vision entrepreneuriale.

Car, lors de la conférence annuelle Regions for Economic Change qui se tenait à Bruxelles du 23 au 24 juin sur le thème « Fostering smart and sustainable growth in regions and cities », on a évoqué également quelques grandes tendances qui changent la donne dans le monde de la politique économique : si on a déjà beaucoup entendu parler de l’économie de la connaissance et des compétences tout autant que de la régionalisation et de la montée en puissance des métropoles au cœur même de la globalisation, quelques chiffres interpellent : 99% des entreprises européennes sont des PME, 90% sont des TPE, 32.5 millions de personnes, soit 20% de la population active, exercent en libéral. Et 23 millions de personnes sont de « purs » freelance. De ce constat et de ces nouveaux modes de travailler, naît une « économie de projet » basée sur un véritable esprit d’entreprise et où les équipes ad-hoc se constituent de façon flexible et ciblée pour mener à bien un projet donné. Ce qu’Ann Mettler, CEO du Lisbon Council, appelle le « Hollywood model », à l’image de ce qui se fait lors du tournage d’un film.

La croissance sera donc désormais glamour, élégante et intelligente. So smart !


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